Ateliers de tissage de Soierie vivante : découverte des canuts de Lyon

En février 2022, j’assistais à une visitée contée, organisée par Cybèle, de la Croix-Rousse pour découvrir l’histoire des canuts. Cette visite prévoyait une halte à l’atelier municipal de tissage situé montée Justin Godart avec une démonstration de l’un des métiers à tisser. C’est à cette occasion que j’ai découvert l’association Soierie vivante qui agit pour la sauvegarde du patrimoine de la soie à Lyon et organise des visites guidées de ses ateliers. À l’issue de cette activité, j’ai donc eu envie d’en savoir plus sur les ateliers de tissage.

Au programme :

Les canuts, une histoire croix-roussienne

L’histoire de la soierie lyonnaise est étroitement liée à l’évolution technologique des métiers à tisser au fil des siècles. Jusqu’au début du XIXe siècle, les tisseurs sont installés dans le Vieux-Lyon et la Presqu’île. Avec la mise au point de la mécanique Jacquard, les logements sont trop petits et manquent de lumière.

La soierie lyonnaise, une industrie ancienne à Lyon

Souvent, à tort, on associe l’histoire de la soierie à celle des Canuts. Pourtant, elle est bien plus ancienne : elle remonte à l’époque des rois de France et s’intensifie avec l’ère napoléonienne, la plaçant au cœur du développement économique de la région. Au XVe siècle, Louis XI joue un rôle clé en introduisant la sériciculture dans la région lyonnaise, favorisant la culture des mûriers et l’élevage des vers à soie. Cependant, c’est sous Louis XIV que l’industrie de la soie commence à prospérer, le monarque encourageant la fabrication de velours et de soieries précieuses à des fins de décoration et d’habillement.

Au XVIIe siècle, Lyon devient le centre névralgique de l’industrie de la soie grâce à la mise en place de métiers mécaniques révolutionnaires. Au début du XIXe siècle, Napoléon Bonaparte lui-même reconnaît l’importance stratégique de cette industrie pour la France et stimule son développement, faisant de Lyon le fournisseur incontesté de soies pour l’empire.

Le métier Jacquard témoin des évolutions techniques de la soierie lyonnaise

L’introduction des métiers Jacquard marque aussi un tournant décisif dans la production de soie. Les tisserands, également appelés « soyeux lyonnais », qui maîtrisent cette innovation, peuvent créer des motifs complexes et variés dans les tissus. Ces métiers utilisent un système de cartes perforées pour contrôler le mouvement des fils de chaîne et de la navette avec une précision exceptionnelle pour réaliser des motifs élaborés.

Aujourd’hui, la préservation de ces métiers à tisser fait partie intégrante de la mise en valeur du patrimoine industriel de la région lyonnaise. Les visites organisées par Soierie vivante offrent une opportunité unique de connaître l’histoire de la soierie et de voir comment les fils de soie étaient tissés avec habileté pour créer des étoffes d’une qualité exceptionnelle. Cette initiative vise à sensibiliser le public à l’importance de cet héritage textile, soulignant le rôle crucial joué par les métiers à tisser dans l’histoire florissante de la soierie lyonnaise.

Une architecture témoin des évolutions sociales de la Croix-Rousse

Dès 1812, le quartier de la Croix-Rousse se métamorphose pour recevoir les ateliers de tissage avec des immeubles à l’architecture fonctionnelle :

  • grandes fenêtres pour faire entrer la lumière : la durée des journées dépendait des saisons. L’été, nous pouvions entendre les métiers à tisser jusque tard, car les journées étaient plus longues ;
  • grande hauteur sous plafond (environ 4 mètres de hauteur) pour installer les métiers à tisser.

Les pentes de la Croix-Rousse sont aussi le théâtre de révoltes des canuts en 1831, 1834 et 1848. D’ailleurs, la visite contée de la Croix-Rousse par Cybèle se déroule durant la révolte de 1831.

Quelle est l’origine du mot « canut » ?

Le canut est un ouvrier de la soie à Lyon. Ce terme apparaît au cours du XIXe siècle lors de la révolte de 1831. Avant cette époque, on les désigne simple comme « travailleurs de la soie ». Bien que l’origine de ce mot reste floue, il désignerait vraisemblablement celui qui utilise la canette, ou navette. Il s’agit du petit tuyau de bois qui navigue sur le métier à tisser.

Qu’allez-vous découvrir lors de votre visite de Soierie vivante ?

Les deux ateliers municipaux Soierie vivante sont de vrais anciens ateliers qui ont fonctionné jusqu’à très récemment. Ils sont parmi les derniers témoins de ce patrimoine culturel et de ce pan de histoire de l’industrie lyonnaise. L’association de sauvegarde partage ce savoir-faire aux visiteurs.

L’atelier de passementerie de la famille Dunoyer-Létourneau

L’atelier de passementerie Soierie vivante est un véritable atelier-appartement où a grandi et travaillé Henriette Dunoyer, épouse Létourneau. Elle y est même née en 1912. Cet atelier appartenait à son père Jean-Claude Dunoyer, venu de la Saône-et-Loire, pour apprendre le métier de passementier à Lyon. En 1909, cet ouvrier de la soie s’installe rue Richan avec ses métiers de passementerie dont l’un date de 1880. Ces machines seront, par la suite, électrifiés.

Découvrez les ateliers municipaux de Soierie vivante pour connaitre l'histoire de la soie à Lyon.
Détails des métiers à tisser de l’atelier de passementerie

Au cours de la visite de l’atelier familial, le guide de Soierie vivante vous présente l’histoire de la famille Dunoyer-Létourneau, les particularités de la passementerie dans le monde du tissage et les origines de l’association. Vous assistez aussi à une démonstration de tissage. En souvenir, avant de partir, vous pouvez même acheter quelques mètres de galons.

Détails des métiers à tisser de l’atelier de passementerie

Ce sont dans les locaux de l’ancien atelier de passementerie que se déroulent les ateliers pour enfants de Soierie vivante. Je vous en dis plus juste après 🙂

L’atelier de tissage de la famille Fighiera

Cet atelier a fonctionné jusqu’en 1980. Quand vous arrivez sur place, profitez des quelques minutes qui précèdent pour visiter la partie habitation de l’atelier de tissage. Son aménagement intact est un beau témoignage de l’architecture intérieure des logements de canuts au XIXe siècle. Soierie vivante y propose des démonstrations d’un métier à tisser manuel. Vous avez l’occasion de découvrir l’origine d’un des onomatopées du parler lyonnais, « bistanclaque ». Ensuite, pensez à bien boucher vos oreilles, car le guide met en marche les deux machines à tisser mécaniques.

Intérieur de l’atelier : métier Jacquard et cadre de vie

Est-ce que Soierie vivante est une activité à faire en famille ?

Soierie vivante propose aux familles des ateliers enfant-parent pour apprendre à tisser en s’amusant. Ces séances sont ouvertes aux enfants à partir de 7 ans et se déroulent dans l’atelier de passementerie situé rue Richan.

Cette activité se découpe en trois temps :

  • une visite guidée de l’atelier durant 30 minutes
  • une séance de tissage pendant 2 heures
  • un goûter pour les enfants

À la fin de la séance, tout le monde repart avec sa création tissée. Ces ateliers se déroulent exclusivement durant les vacances scolaires sur réservations.

En dehors de ces ateliers en famille, les enfants risquent de trouver un peu le temps long s’ils suivent avec vous une visite guidée traditionnelle. Le format est peu adapté à jeune public. En revanche, Soierie vivante propose une fois par mois « le samedi des P’tits Filous ». Durant une heure, les enfants de 4 à 6 ans et leurs parents découvrent l’univers des fils et du tissage de la soie. Ils voient les métiers à tisser fonctionner. Ils apprennent manier la navette sur de petits métiers à tisser.

Combien coûte l’entrée des ateliers de tissage de Lyon ?

Pour les détenteurs de la Lyon CityCard 24 h / 48 h / 72 h / 96 h, le billet d’entrée aux ateliers de Soierie vivante est gratuit. Cela fait partie de nombreux avantages du pass Culture et Loisirs pour les touristes. Sinon, le tarif des visites guidées est de :

  • 7,5 euros pour adulte et 5,50 euros pour les enfants pour un atelier
  • 11 euros pour adulte et 7 euros pour les enfants pour les deux ateliers
  • entrée gratuite pour les enfants de moins de 6 ans

Quand visiter les ateliers Soierie vivante ?

Les ateliers de Soierie vivante sont ouverts au public du mardi au samedi (sauf jours fériés).

Atelier municipal de passementerie

L’atelier municipal de passementerie est ouvert du mardi au samedi toute l’année (sauf les jours fériés). Les horaires d’ouverture sont :

  • mardi : 13 h 30 – 18 h 00
  • du mercredi au samedi : 9 h 00 – 12 h 00 et 13 h 30 – 18 h 00

Vous pouvez assister à deux visites guidées par jour sans réservation à 14 h 00 et à 16 h 00. Chaque visite dure environ 30 minutes.

Atelier municipal de tissage

L’atelier municipal de tissage vous accueille à l’une de ses deux visites guidées à 15 h 00 ou à 17 h 00 du mardi au samedi. Elles ont lieu tous les jours de l’année (sauf les jours fériés). Chaque visite dure environ 30 minutes.

Comment aller aux ateliers de tissage de Lyon ?

À pied, à vélo, en transports en commun ou en voiture, tous les moyens de locomotion mènent aux ateliers de tissage de la ville de Lyon.

Atelier municipal de passementerie

Cet atelier est situé au siège de l’association Soierie vivante 21, rue Richan dans le 4e arrondissement à Lyon. Sonnez à l’interphone : l’atelier est situé au 1er étage de l’immeuble (pas d’ascenseur).

Pour venir à l’atelier de la rue Richan, vous avez plusieurs options :

  • métro C – station « Hénon »
  • bus C13 Nord – arrêt « Commandant Arnaud »
  • voiture : parking « Croix-Rousse » au niveau de la rue Belfort
  • vélo’v : station n° 4003 « place Commandant Arnaud »

Atelier municipal de tissage

Cet atelier de Soierie vivante 12, montée Justin Godard dans le 4e arrondissement de la ville de Lyon. L’entrée donne sur la rue : vous avez quelques petites marches à descendre pour découvrir cet atelier.

Pour venir à l’atelier de la rue Richan, vous avez plusieurs options :

  • métro C – station « Croix-Rosse »
  • bus C13 Nord – arrêt « Austerlitz »
  • voiture : parking « Gros Caillou » au niveau de la rue Belfort
  • vélo’v : station n° 4041 « Boussanges/Austerlitz »

Que faire à la Croix-Rousse après la visite des ateliers ?

Le plateau et les pentes de la Croix-Rousse valent à eux seuls une bonne journée de promenade à Lyon. Voici une sélection de sites touristiques pour poursuivre votre exploration de Lyon.

Admirer les murs peints de Lyon

S’il est un mur peint incontournable à Lyon, c’est bien le mur des Canuts à deux pas de la station « Hénon ». Réalisé en 1987 par CitéCréation, il est le témoin de l’ambiance unique de la Croix-Rousse. Et, si vous êtes tombé sous le charme de cette fresque, j’ai dédié tout un article aux principaux murs peints de la Croix-Rousse.

L’office du tourisme de Lyon propose une visite commentée sur le thème des murs peints et du street à la Croix-Rousse. C’est l’occasion d’en savoir davantage sur ce patrimoine urbain lyonnais. Au risque de vous faire encore la promo de la Lyon CityCard, sachez qu’une visite guidée est incluse dans ce pass.

Se perdre dans les ruelles des pentes de la Croix-Rousse

S’il est bien un quartier dans lequel j’aime déambuler à Lyon, c’est bien celui des pentes de la Croix-Rousse. Pousser les lourdes portes des immeubles, traverser les traboules, admirer les vitrines de créateurs, c’est la promesse de mon itinéraire de balade. En arpentant les pentes de la Croix-Rousse, vous allez découvrir un quartier à l’âme unique, témoin de l’histoire plusieurs fois millénaire de Lyon.

Faire le marché de la Croix-Rousse

Il existe 121 marchés alimentaires dans la Métropole lyonnaise. Le plus réputé est celui de la Croix-Rousse. Il se tient tous les jours de la semaine (sauf le lundi) sur le boulevard de la Croix-Rousse. Les mardis et les week-ends, près de 105 commerçants vous reçoivent sur un kilomètre de chaque côté du boulevard. Les mercredis et jeudis, ils sont regroupés au niveau de la place de la Croix-Rousse. Pour celles et ceux qui apprécient les produits bio, il faut venir le samedi.

Le marché de la Croix-Rousse est le rendez-vous à ne pas manquer (surtout les samedis et dimanches) pour apprécier l’ambiance toute particulière de ce quartier et entendre au détour d’une conversation les expressions 100 % lyonnaises.

Admirer Lyon du haut de la Grande Côte

Ce que j’aime à Lyon, c’est le nombre incalculable de panoramas sur la ville. L’un de mes préférés se situe tout en haut de la montée de la Grande Côte. On a de l’esplanade une vue à 360° sur la colline de Fourvière et la Presqu’île.

Si vous appréciez, vous aussi, les points de vue, je vous recommande aussi celui du Gros Caillou au bout du boulevard de la Croix-Rousse. Les jours de beau temps, vous verrez les Alpes et le Mont-Blanc.

Explorer le discret jardin Rosa Mir

Réalisé entre de 1957 et 1983 par Senir Mir, le jardin Rosa Mir est un p’tit bijou niché au cœur du plateau de la Croix-Rousse. Pour le découvrir, il faut pénétrer dans l’impasse situé au 87, Grande rue de la Croix-Rousse. Ce jardin est ouvert au public les samedi de 14 h 00 à 18 h 00 de début avril à fin octobre. Le service municipal Lyon Nature organise parfois des visites guidées du jardin en dehors des horaires d’ouverture.

Les visites commentées des ateliers de tissage révèlent les secrets de fabrication de soierie lyonnaise. Ces lieux uniques en leur genre sont les témoins de cette industrie qui a façonné durablement le quartier de la Croix-Rousse.

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