
Les métiers de l’enfance fascinent. Parfois, ils sont même idéalisés. Découvrez l’expérience d’Élisa, éducatrice de jeunes enfants et, aujourd’hui, formatrice. Elle partage avec vous son expérience auprès des enfants et des professionnels de l’enfance.
Élisa, peux-tu te présenter auprès de mes lecteurs ?
Oui, alors je m’appelle Élisa, j’ai 34 ans et j’ai travaillé durant 8 ans en crèche. J’ai principalement fait de la direction. Depuis 4 ans, je suis formatrice pour adultes et interviens principalement dans des formations de travailleurs sociaux, mais, également, auprès de futurs professionnels diplômés du CAP petite enfance.
Tu as donc fait des études pour être éducatrice de jeunes enfants. Peux-tu m’expliquer le déroulement cette formation et comment on y accède ?
Lorsque j’ai fait mes études, la formation se déroulait en 2 ans et 3 mois. Depuis quelques années, la formation est passée à 3 années d’études. Il faut passer un concours d’entrée, avec une épreuve écrite puis un entretien avec un psychologue et un professionnel. La formation a pour but de former les futurs professionnels sur l’éducation, la prévention et la coordination. Des cours de psychologie de l’enfant, de pédagogie, de management, d’accompagnement à la parentalité ou de communication professionnelle, entre autres, sont proposés par les centres de formation.
Après ces études, quels sont les débouchés ?
Les EJE peuvent exercer en EAJE (établissement d’accueil du jeune enfant : crèche), en relais d’assistantes maternelles, en classe passerelle, en PMI ou bien encore en ludothèque. En somme, l’EJE peut exercer son métier dans les secteurs du sanitaire et social, d’assistance éducative, des loisirs culture et animation. En somme, l’EJE peut travailler dans des structures fréquentées par des enfants âgées de 0 à 7 ans et leurs familles.
Pour moi, les principales qualités sont l’écoute des besoins des enfants et des parents, l’ouverture d’esprit et une grande bienveillance. Le principal est de faire grandir l’enfant qui, mieux que lui, sait ce dont il a besoin…
Durant toutes ces années en crèche, tu as dû vivre de beaux moments auprès des enfants. Peux-tu en partager quelques-uns ?
Oh oui, j’ai vécu des moments remplis d’émotions avec les enfants. J’ai plusieurs anecdotes dans mes poches, mais je choisis de vous en raconter une que je trouve drôle et une remplie de douceur. J’accompagne un jour un groupe d’enfants âgés de 2 à 3 ans voir un spectacle. Je demande à un petit garçon de 3 ans s’il souhaite un rehausseur, car je lui explique que sa petite taille peut l’empêcher de voir correctement les marionnettes. Ce à quoi il me répond « Eh ben Élisa, il est où ton rehausseur à toi ? Comme tu n’es pas grande… » Perspicacité et fou rire…
La seconde : je me trouve un jour assise dans la pièce du groupe des grands. Théo 3 ans vient se blottir contre moi, me caresse la joue et me dit « Élisa, tu es un crumble à fraise. » Comment ne pas fondre ?
Comment fonctionnaient les crèches dans lesquelles tu as travaillé au niveau des apprentissages des enfants (motricité, développement…) ?
J’ai travaillé principalement dans des structures qui appliquaient principalement la pédagogie Loczy. Pour résumer, la pédagogie Loczy applique la motricité libre. L’enfant découvre par lui-même les capacités de son corps, à son rythme. L’adulte doit, pour cela, proposer un aménagement de l’espace sans obstacle, adapté au rythme de développement de l’enfant. Ainsi, un enfant qui ne sait pas s’assoir seul ne sera pas mis en position assise par la professionnelle. Emmi Pickler, mère de cette pédagogie, pensait que chaque étape du développement d’un enfant, aussi infime soit-elle, est importante pour le développement affectif. J’ai également pu appliquer la pédagogie Montessori, visant à développer l’autonomie au quotidien.
D’ailleurs, as-tu des petits conseils à donner à des parents pour accompagner leur enfant dans leurs acquisitions, comme des jeux ou autres ?
Je pense, tout d’abord, que les parents doivent se fier à leur instinct de parents. Eux seuls savent ce qui est bon pour leur enfant ! D’après mes observations, peu de jouets sont utiles pour les enfants entre 0 et 1 an. Il suffit d’avoir des jeux simples, comme des hochets légers, des petites livres en tissus et le doudou… La première année est celle de la découverte du corps, de l’exploration de l’environnement : les enfants sont déjà bien occupés et se contentent de peu ! Je conseille aussi aux parents d’appliquer la motricité libre pour leurs enfants. Cela les aide à découvrir leur corps et leurs facultés, à comprendre plus vite comment se déplacer, attraper, se retourner. La frustration et la peur chez l’enfant sont donc réduites et cela est primordial pour qu’un enfant ait confiance en lui, dès le plus jeune âge, et qu’il devienne ainsi autonome. Enfin, je recommande la collection « Mille et un bébés » aux éditions Eres et plus précisément celui intitulé Lockzy ou le maternage insolite de Myriam David et Geneviève Appell
Aujourd’hui, tu t’es reconvertie dans la formation. Qu’apporte ton expérience en tant EJE dans ton quotidien de formatrice ?
Tout d’abord, je pense avoir un regard juste sur la profession. Les stagiaires que j’accompagne sont destinées à être EJE ou Animatrice Petite Enfance. Il est donc important de savoir de quoi on parle. Mes expériences m’ont offert une légitimité auprès des stagiaires. Je suis en mesure de répondre aux questions sur les pratiques professionnelles, sur la communication d’équipe, mais aussi sur l’observation de l’enfant et l’accompagnement à la parentalité. Les anecdotes apportent aussi du crédit et des exemples concrets, ce qui je dois le dire, est apprécié par les stagiaires
Pour conclure, as-tu quelque chose à ajouter ?
Je dirais simplement que les parents sont les premiers éducateurs de leur enfant. Faites-vous confiance et surtout faites confiance à votre enfant.
Merci à Élisa Derdérian.
Commander : Lockzy ou le maternage insolite