Ossuaire des Brotteaux, un témoignage de la Révolution à Lyon

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Lyon garde jalousement certains lieux un peu secrets. L’ossuaire des Brotteaux, aussi appelé crypte des Brotteaux, est l’un de ces endroits dont on a pu entendre parler mais dont on ignore tout. Longtemps sur ma to-do-list, l’ossuaire des Brotteaux n’a plus aucun secret pour moi. Mais, surtout, sa visite m’a permis de découvrir tout un pan méconnu de l’histoire lyonnaise : la Révolution française !

Au programme :

Sur les pas de la Révolution française à Lyon

L’histoire à Lyon rime souvent avec Antiquité romaine et Canuts. Entre les deux, il n’y a presque rien. Pourtant, il s’en est passé des choses à Lyon : visiter l’ossuaire des Brotteaux est l’occasion de faire un grand plongeon dans la Révolution française. Lyon compte environ 100 000 habitants (plus ou moins comme Paris). Le quartier des Brotteaux n’est qu’une vaste plaine, sans habitations avec une seule ferme dite de la Part-Dieu. Au début de la Révolution française, les Lyonnais accueillent les réformes avec joie. Mais, de plus en plus, le climat va être lourd, en particulier avec la restriction des libertés.

En 1792, c’est un peu l’anarchie partout en France et à Lyon. Beaucoup de Français sont mécontents et ne comprennent pas la mort du roi et  la Constitution nationale du clergé (serment à la République). Les prêtres non jureurs (ceux qui refusent la Constitution nationale du clergé)  vont être soutenus par de nombreux Français (le curé d’Ars va faire sa première communion avec un prêtre non jureur de nuit). Début septembre 1792, de nombreux massacres se déroulent en France dont le tristement célèbre massacre des Carmes à Paris.

L’année 1793 est une année cruciale dans l’histoire de la Révolution à Lyon : la guillotine tourne à plein régime. Les Lyonnais se soulèvent et prennent l’arsenal et la direction de l’Hôtel de Ville. Le gouvernement à Paris envoie l’armée républicaine qui assiégera Lyon durant deux mois.

1793 : le siège de Lyon par l’armée républicaine

Pour faire face au siège de l’armée républicaine, Lyon recrute 1 000 hommes et commande des armes à la manufacture de Saint-Étienne. La ville demande aussi au Comte de Précy, général à la retraite vivant dans la Loire de prendre en main l’armée lyonnaise. Pendant ce temps, Lyon se vide des femmes et des enfants.

Durant le siège, l’armée républicaine bombarde Lyon. Certains monuments, comme l’église Saint-Polycarpe sur les pentes de la Croix-Rousse, en gardent des stigmates. Alors que Précy espère des renforts du Forez et du Sud, l’armée républicaine empêche leur arrivée et prend la ville le 29 octobre 1793. Le comité révolutionnaire mis en place va organiser une violente répression avec l’installation de guillotines à Bellecour et aux Terreaux, des fusillades par canonnade aux Brotteaux. Plusieurs fosses communes sont creusées, dont une rue Robert. Entre octobre 1793 et mars 1794 (époque où Robespierre est au pouvoir), environ 2 000 personnes vont mourir.

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Origine de l’ossuaire des Brotteaux

En mai 1795, les familles des victimes vont vouloir un cénotaphe vers la gare des Brotteaux. Ensuite, entre 1814 et 1819, un monument sous forme de pyramide (jusqu’en 1902) est construit au niveau du croisement rue Créqui / rue Louis Blanc. Plus tard, sur un terrain cédé par les Hospices civils de Lyon, la chapelle Sainte-Croix, le bâtiment actuel dessiné par l’architecte Paul Pascalon, est érigée entre 1898 et 1901. Elle n’est inaugurée qu’en 1906 après un long litige entre les familles des victimes et le maire de Lyon Victor Augagneur. Ce dernier s’oppose au transfert des ossements dans la chapelle. Aujourd’hui, elle conserve les ossements des victimes de 1793 dans la crypte :

  • os des 7 fosses communes de 1793
  • tombe du Précy, mort en 1820 en Suisse, qui a demandé d’être inhumé auprès de ses compagnons de combat

Chaque année se déroulent deux messes pour les victimes de 1793 en mai et en octobre. Lieu de mémoire et de prière, la chapelle Saint-Choix n’incarne aucune revendication politique.

Comment visiter l’ossuaire des Brotteaux ?

La visite de l’ossuaire des Brotteaux se fait sur réservation. Pour cela, il faut contacter par téléphone la congrégation religieuse, Famille missionnaire de Notre-Dame, qui s’occupe de la chapelle. Si vous tombez sur le répondeur, laissez un message pour expliquer votre demande. Un frère vous rappelle dans les jours qui suivent.

Comment aller à la Chapelle Sainte-Croix ?

Située au 147, rue Créqui (69006), la chapelle est facile d’accès en transport en commun :

  • Tramway T1, arrêt « Palais de Justice »
  • Métro B, arrêt « Place Guichard »
  • Bus C3,13 ou 38 arrêts « Halles Paul Bocuse »

Que faire à proximité de la crypte des Brotteaux ?

Pour prolonger votre visite dans le quartier des Brotteaux, vous pouvez :

  • titiller vos papilles aux Halles de Lyon – Paul Bocuse
  • traverser le Rhône pour découvrir la Presqu’île
  • explorer le parc de la Tête d’Or

Lieu insolite et secret à Lyon, l’ossuaire des Brotteaux est un témoin bouleversant de la violence de la répression de 1793 par l’armée républicaine durant la Révolution française. Souvent peu connue des Français eux-mêmes, cette période a pourtant marqué durablement notre histoire. Avec l’ossuaire des Brotteaux, vous avez l’occasion d’en apprendre beaucoup dessus.

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