J’ai longtemps ignoré ce qui se cachait derrière cette façade élégante et discrète. La première fois que je suis entrée dans le Grand Temple de Lyon, j’ai été séduite par la sérénité qui s’en dégage. Venez avec moi découvrir ce lieu que j’affectionne particulièrement.
Petit point historique
Blandine est l’une des premières chrétiennes connues à Lyon : elle a été jugée en 177 et connu le martyr dans l’amphithéâtre de Lyon (sur les pentes de la Croix-Rousse). Au cours du Moyen-Âge, Pierre Valdo, riche marchand drapier lyonnais, cède toute sa richesse aux pauvre et prêche les Évangiles. Considéré aujourd’hui comme « pré-Réformateur », il finance l’une des traductions en langue vernaculaire, le franco-provençal, de la Bible. Au XVIe siècle, les imprimeurs et quelques notables lyonnais adhèrent à la Réforme. Après une période de tolérance (1598-1685), le culte réformé est interdit en France. Au cours de la Révolution française, la liberté de conscience est accordée aux citoyens dans la Déclaration des Droits de l’Homme (1789) puis la liberté de culte (1791). En 1803, la Ville de Lyon attribue un lieu de culte, la loge du Change située place du Change dans le Vieux-Lyon.
Construction du Grand Temple
Lors du rétablissement du culte à Lyon, les Protestants sont peu nombreux. Cependant, à partir de la seconde moitié XIXe siècle, la communauté se développe avec le retour des bourgeois expatriés en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas et l’exode rural conduisant de nombreux Protestants drômois et ardéchois à s’installer à Lyon. En 1872, le temple du Change est trop petit pour accueillir toute la communauté lors des cultes. Le conseil presbytéral décide de construire un nouveau temple sur la rive gauche de Lyon, quartier en expansion, et d’acheter un terrain aux Hospices civils de Lyon. Entre 1880 et 1884, la construction du Grand Temple est confiée à un architecte lyonnais, protestant et diacre, Gaspard André : il a aussi construit le théâtre des Célestins.
Le projet initial du Grand Temple
Le Grand Temple tel qu’on le connait aujourd’hui est bien différent du projet initial. Il devait comprendre :
- le temple et ses dépendances (sacristie, salle du conseil presbytéral) ;
- deux écoles protestantes (une pour les filles, une pour les garçons) ;
- un asile, terme utilisé pour désigner les crèches à cette époque.
Au cours de la construction, des adaptations ont eu lieu : le projet d’écoles a été abandonné autour de 1881 car les Protestants décidèrent d’adhérer au projet d’écoles publiques et laïques (loi du 23 mars 1882 dite de Jules Ferry). Il a été aussi ajouté un logement pour le pasteur et un ensemble de salles pour les plus démunis : un vestiaire pour les indigents, une bibliothèque populaire.
Circulez, il n’y a rien à voir
Lorsqu’on rentre dans un lieu de culte protestant réformé, on est souvent surpris par l’absence de statues, d’icônes, de tableaux, de cierges. Même la croix est dépourvue de représentation du Christ. Pourquoi ? Ici, l’important est ce que l’on écoute et non ce qu’on voit. En observant l’intérieur du Grand Temple, vous y retrouvez les piliers de la foi protestante :
- la Bible, placée sur la table de communion. D’ailleurs, en levant les yeux vers les murs et le plafond, des versets bibliques sont repris. Nous y voyons aussi les noms des prophètes de l’Ancien Testament (au-dessus de la tribune ouest), des disciples (au-dessus des tribunes sud et nord), des évangélistes (à la base de la coupole), des réformateurs (de chaque côté de l’orgue);
- la communion autour de la table. Chez les Protestants, il n’y a que deux sacrements : le baptême et la cène. Au Grand Temple, la cène (la partage du pain et du vin) a lieu deux fois par mois ;
- la disposition des bancs en carré autour de la chaire et de la table de communion car l’assemblée est partie prenante lors de la célébration du culte, chacun a son importance au sein de la communauté ;
- la croix sur la table de communion où le Christ crucifié n’est pas représenté. Chez les Protestants, il s’agit de mettre l’accent sur la victoire contre l’injustice, le fanatisme religieux, les persécutions, la douleur… Le symbole de la croix est présent par touches discrètes dans la décoration intérieure du Grand Temple, en particulier sur l’orgue.
Le saviez-vous ?
En France, les Protestants utilisent le terme « temple » pour désigner leur lieu de culte afin de se distinguer des Catholiques. Pourtant, dans les autres pays, le terme « église » s’utilise autant pour les lieux de culte protestant que catholique.
Informations pratiques
3, quai Victor Augagneur
69003 LYON
04 78 60 26 26
Waw! Belle découverte! 🙂
Oui, je trouve… Le Grand Temple est très discret. Pourtant, il mérite d’être visité 😉