À la découverte du Grand Temple de Lyon

Grand Temple Lyon Protestantisme
Intérieur du Grand Temple de Lyon

Découvrir le Grand Temple de Lyon, c’est s’immerger dans une histoire riche et mouvementée, où les racines de la foi protestante ont profondément marqué son édification. Au cœur de la ville, ce lieu sacré incarne la diversité et la vitalité de la communauté protestante lyonnaise, dont l’histoire s’entrelace avec des figures emblématiques telles que Blandine, Pierre Valdo, et Martin Luther.

Au sommaire :

Petit point historique du protestantisme en France et à Lyon

Blandine est l’une des premières chrétiennes connues à Lyon : elle a été jugée en 177 et connu le martyr dans l’amphithéâtre de Lyon (sur les pentes de la Croix-Rousse). Au cours du Moyen-Âge, Pierre Valdo, riche marchand drapier lyonnais, cède toute sa richesse aux pauvre et prêche les Évangiles. Considéré aujourd’hui comme « pré-Réformateur », il finance l’une des traductions en langue vernaculaire, le franco-provençal, de la Bible.

Au XVIe siècle, les imprimeurs et quelques notables lyonnais adhèrent à la Réforme. Entre 1592 et 1598, la France est déchirée par les Guerres de Religion qui opposent Protestants et Catholiques. Au-delà des aspects théologiques, ces affrontements sont aussi alimentés par des tensions politiques. En 1598, la signature de l’Édit de Nantes par le roi Henri IV instaure une trêve, fragile, et accorde une certaine tolérance  religieuse dans le royaume de France.

Moins d’un siècle plus tard, en 1685, le culte réformé est interdit en France avec la révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV. Sous l’influence de Colbert et de l’Église catholique, le roi prend cette décision pour asseoir son autorité et favoriser l’uniformité religieuse. Cette décision entraîne de nouvelles répressions partout en France, des conversions forcés et, aussi, des départs massifs des Huguenots vers d’autres pays.

Au cours de la Révolution française, la liberté de conscience est accordée aux citoyens dans la Déclaration des Droits de l’Homme (1789) puis la liberté de culte (1791). En 1803, la Ville de Lyon attribue un lieu de culte, la loge du Change située place du Change dans le Vieux-Lyon.

Construction du Grand Temple

Lors du rétablissement du culte à Lyon, les Protestants sont peu nombreux. Cependant, à partir de la seconde moitié XIXe siècle, la communauté se développe avec le retour des bourgeois expatriés en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas et l’exode rural conduisant de nombreux Protestants drômois et ardéchois à s’installer à Lyon.

En 1872, le temple du Change est trop petit pour accueillir toute la communauté lors des cultes. Le conseil presbytéral décide de construire un nouveau temple sur la rive gauche de Lyon, quartier en expansion, et d’acheter un terrain aux Hospices civils de Lyon. Entre 1880 et 1884, la construction du Grand Temple est confiée à un architecte lyonnais, protestant et diacre, Gaspard André : il a aussi construit le théâtre des Célestins.

Le projet initial du Grand Temple de Lyon

Le Grand Temple tel qu’on le connait aujourd’hui est bien différent du projet initial. Il devait comprendre :

  • le temple et ses dépendances (sacristie, salle du conseil presbytéral) ;
  • deux écoles protestantes (une pour les filles, une pour les garçons) ;
  • un asile, terme utilisé pour désigner les crèches à cette époque.

Au cours de la construction, des adaptations ont eu lieu : le projet d’écoles a été abandonné autour de 1881 car les Protestants décidèrent d’adhérer au projet d’écoles publiques et laïques (loi du 23 mars 1882 dite de Jules Ferry). Il a été aussi ajouté un logement pour le pasteur et un ensemble de salles pour les plus démunis : un vestiaire pour les indigents, une bibliothèque populaire.

Le Grand Temple de Lyon est classé au titre des monuments historiques depuis 2011. Après d’importants travaux de restauration, il a réouvert ses portes à l’automne 2012.

Circulez, il n’y a rien à voir 

Lorsqu’on rentre dans un lieu de culte protestant réformé, on est souvent surpris par l’absence de statues, d’icônes, de tableaux, de cierges. Même la croix est dépourvue de représentation du Christ. Pourquoi ? Ici, l’important est ce que l’on écoute et non ce qu’on voit. En observant l’intérieur du Grand Temple, vous y retrouvez les piliers de la foi protestante :

  • la Bible, placée sur la table de communion. D’ailleurs, en levant les yeux vers les murs et le plafond, des versets bibliques sont repris. Nous y voyons aussi les noms des prophètes de l’Ancien Testament (au-dessus de la tribune ouest), des disciples (au-dessus des tribunes sud et nord), des évangélistes (à la base de la coupole), des réformateurs (de chaque côté de l’orgue);
  • la communion autour de la table. Chez les Protestants, il n’y a que deux sacrements : le baptême et la cène. Au Grand Temple, la cène (la partage du pain et du vin) a lieu deux fois par mois ;
  • la disposition des bancs en carré autour de la chaire et de la table de communion car l’assemblée est partie prenante lors de la célébration du culte, chacun a son importance au sein de la communauté ;
  • la croix sur la table de communion où le Christ crucifié n’est pas représenté. Chez les Protestants, il s’agit de mettre l’accent sur la victoire contre l’injustice, le fanatisme religieux, les persécutions, la douleur… Le symbole de la croix est présent par touches discrètes dans la décoration intérieure du Grand Temple, en particulier sur l’orgue.

L’intérieur du Grand Temple est à l’image de celui des intérieurs de lieu culte dans le milieu protestant. 

Pourquoi les Protestants n’utilisent pas le mot « église » ?

En France, les Protestants utilisent le terme « temple » pour désigner leur lieu de culte afin de se distinguer des Catholiques. Pourtant, dans les autres pays, le terme « église » s’utilise autant pour les lieux de culte protestant que catholique.

Les Protestants et les Catholiques sont tous des Chrétiens. La principale différence réside dans leurs croyances théologiques et leurs pratiques religieuses, en particulier en ce qui concerne l’autorité religieuse, la foi, et les sacrements. 

Même si les communautés chrétiennes ont des différences au niveau théologique, elles ont en commun leur foi chrétienne et cheminent toutes vers l’œcuménisme. De même, les groupes protestants accueillent sans aucune distinction les personnes qui entrent dans un temple, peu importe leur confession religieuse. Il est donc possible de participer à un culte protestant si vous êtes curieux de découvrir la liturgie protestante.

Aspect

Catholiques

Protestants

Autorité religieuse

Reconnaissent l’autorité du pape et du Magistère

Rejettent l’autorité du pape, mettent l’accent sur l’autorité suprême de la Bible, encourageant souvent l’interprétation individuelle des Écritures

La foi et le salut

La foi et les bonnes œuvres sont nécessaires pour le salut

Mettent l’accent sur la justification par la foi seule, considérant la foi en Jésus-Christ comme suffisante pour le salut, avec les bonnes œuvres comme une conséquence de la foi

Sacrements

Reconnaissent sept sacrements

Reconnaissent généralement deux sacrements : le baptême et la Cène, bien que cela puisse varier selon la tradition protestante

Culte et liturgie

Liturgie riche avec des rituels formels

Pratiques liturgiques variées, pouvant aller du formel à l’informel, dépendant de la tradition protestante

Lyon Grand Temple Protestantisme
Autel du Grand Temple

Où se trouve le Grand Temple ?

Ce temple de l’Église réformée ouvre ses portes sur le Rhône. Situé au 3, quai Victor Augagneur dans le 3e arrondissement de Lyon.

Comment y aller ?

En métro, en voiture ou à vélo, vous avez l’embarras du choix pour aller au Grand Temple de Lyon. La location, en plein cœur de Lyon, en fait un site facile d’accès, en particulier, en transports en commun ou à vélo.

En transports en commun

Pour rejoindre le Grand Temple de Lyon, vous pouvez prendre :

  • le métro : descendre à la station Cordeliers (ligne A) et traverser le Rhône
  • le tramway : descendre à la station Liberté (ligne T1)

En voiture

Autour du Grand Temple, il y a plusieurs places de parking. Il est aussi possible de laisser votre voiture dans le parc de stationnement de Cordeliers.

À vélo

Le vélo est l’un des moyens de transport les plus agréables pour aller au Grand Temple de Lyon. À ses pieds passe l’une de principales voies cyclables sécurisées de la métropole lyonnaise. De nombreux parkings à vélos sont présents à proximité.

Quand visiter le Grand Temple ?

Le Grand Temple de Lyon est ouvert pendant les horaires de culte, soit généralement le dimanche matin. Si vous souhaitez le visiter en dehors de ces horaires, je vous recommande de contacter l’équipe presbytérale.

Malgré sa façade majestueuse ouvrant sur le Rhône, le Grand Temple de Lyon est un des monuments méconnus de Lyon. Ce lieu de culte protestant mérite le détour pour comprendre les différences entre toutes les branches du christianisme.

Ça peut aussi vous intéresser…

2 Commentaires À la découverte du Grand Temple de Lyon

    1. Manuela 24 mars 2016 à 7 h 52 min

      Oui, je trouve… Le Grand Temple est très discret. Pourtant, il mérite d’être visité 😉

Les commentaires sont fermés.